Actualités Orthophoniques Mars 2003 (volume 7, n°1)
La fatigue vocale :
Les thérapies vocales ont montré qu’elles pouvaient être des méthodes d’aide aux patients pour éviter les symptômes d’une fatigue vocale.
L’étude suivante évalue l’effet d’une thérapie basée sur le chant après une auto-évaluation des symptômes de fatigue vocale.
La fatigue vocale est un affaiblissement des conditions affectant les « parleurs » qui ont une demande excessive de leur voix par rapport à leurs possibilités vocales. Elle est caractérisée par une augmentation progressive de l’effort phonatoire et une perte des habiletés vocales.
Sont concernés principalement les professionnels de la voix tels que les enseignants, les comédiens, les télévendeurs…
Si l’on prend l’exemple des enseignants , on s ?aperçoit que leur expérience de la fatigue vocale a démarré peu de temps après le début de leur carrière. Les symptômes progressent d’année en année jusqu’à atteindre un point où il devient difficile voire douloureux de continuer à exercer jusqu’à la fin d’une semaine et même d’une journée de travail.
Les conséquences émotionnelles de cette fatigue vocale peuvent être aussi éprouvantes que la fatigue elle-même.
Le premier objet de cette étude est de définir les composantes de la fatigue vocale : elle est perçue comme une tension dans la gorge et le haut du corps, gorge sèche, douleur à la phonation, et un déséquilibre total de l’effort par rapport au rendement acoustique.
Les capacités phonatoires sont altérées, avec une monotonie, une voix faible allant jusqu’à la dysphonie. Cette fatigue du système vocal peut être le résultat de changements dans les facteurs chimiques neuromusculaires ou biomécaniques.
Les auteurs de l’étude font l’hypothèse que différents muscles agonistes et antagonistes sont simultanément surutilisés dans la vocalisation.
La thérapie par le chant :
Les premières approches de thérapie étaient basées sur des conseils : parler moins et moins fort ou utiliser un amplificateur. Toutes solutions irréalistes et peu durables quand on est enseignant.
Par contre, on a observé et montré que les exercices de chant peuvent améliorer l’utilisation fonctionnelle de la voix et ils sont fréquemment utilisés dans les rééducations vocales.
Consécutivement, cette étude va étudier l’efficacité d’un type particulier de chant : la psalmodie.
A l’origine, la psalmodie est une exécution chantée d’une oeuvre poétique d’inspiration religieuse avec l’accompagnement d’instruments à cordes. Il s’agit de chanter les psaumes d’une manière monocorde. La note récitée est chantée aussi longtemps qu’il est nécessaire pour une phrase donnée. On utilise une intonation initiale dont la note descend sur la dernière ou avant-dernière syllabe. Chanter sur ce modèle entraîne vraisemblablement une utilisation plus grande et plus variée des systèmes respiratoire, phonatoire et articulatoire et augmente particulièrement la pression subglottique.
La rééducation met en jeu un apprentissage précis : paires de consonne + voyelle, textes métrés, prose, et finalement improvisation sont proposés. A cause de la charpente flexible du modèle de récitation, les nouveaux comportements sont plus facilement généralisés à la parole.
L’étude présente de façon précise la méthode choisie pour mettre en place cette rééducation et pour essayer d’en mesurer les résultats . Protocole de thérapie, tache de fatigue, mesures, analyses des données sont expliquées.
Les résultats à long terme sont également donnés et appréciés : à quatre mois après la thérapie, les sujets sont interrogés et on remarque une diminution significative du phénomène de fatigue vocale . A dix mois, les résultats restent stables ce qui montre une généralisation des acquis à la voix parlée .
Les auteurs concluent que cette forme de thérapie fonctionnelle offre un potentiel important de remédiation à la fatigue vocale.
Daniel McCabe et Ingo TITZE
American Journal of speech-Language pathology, Novembre 2002, vol.11, pp.356-369