Actualités Orthophoniques Juin 2003 (volume 7, n°2)
L’évaluation des jeunes enfants, de deux ou trois ans peut s’avérer délicate. Ils peuvent avoir du mal à communiquer et à répondre avec des personnes qu’ils ne connaissent pas et dans une environnement non familier. Mais les orthophonistes peuvent également se sentir mal à l’aise, mettant l’accent sur le bien-être de l’enfant au détriment des résultats.
C’est pour éviter ce stress que les auteurs suggèrent d’utiliser à la fois des évaluations formelles et des procédures non standardisées.
Les tests standardisés permettent de comparer les résultats à une norme. Il est alors possible d’expliquer aux parents comment leur enfant est différent de ses camarades..
A l’inverse les tests non standardisés (par exemple un échantillon de langage) donnent des informations sur le comment des choses, sur la vraie nature du problème de langage.
Dans tous les cas, il est indispensable que les parents quittent le bureau de l’évaluateur en sachant :
• si l’enfant a un problème
• quelle est la nature de ce problème ?
• quelle peut être la cause (ou les causes) de ce problème ?
• que peut-on faire pour l’aider ?
• quelle est l’évolution imaginée ?
Un enfant qui est adressé pour des troubles d’articulation doit être examiné plus minutieusement : un échantillon de langage spontané lors d’une situation de jeu peut être particulièrement intéressante. On appréciera les troubles de la parole, mais également d’éventuelles difficultés de grammaire ou d’utilisation du langage en contexte. L’évaluation de la compréhension est également indispensable, car il s’agit d’un domaine discret qu’ignorent souvent les parents.
Les auteurs suggèrent qu’il est possible de demander aux parents de répondre à un questionnaire avant le premier rendez-vous. Une semaine avant la date de la rencontre, l’orthophoniste contacte les parents par téléphone puis leur envoie par la poste un questionnaire complet : développement du langage de l’enfant, développement moteur, histoire médicale, développement social et affectif, mais également tout ce qui concerne le trouble de l’enfant, y compris sa nature. Les parents ont ainsi l’occasion de réfléchir « tranquillement » au problème et de penser à davantage d’éléments. On demande également des informations sur les activités favorites de l’enfant, sur la façon dont il est avec des étrangers ou dans des lieux différents, sur son tempérament, sur sa façon de jouer avec d’autres enfants ou de les côtoyer.
Ce questionnaire permet de choisir les modules qui seront utilisés pour l’évaluation mais également de dégager une attitude spécifique. Par exemple, si l’enfant est réservé, voire timide, on commencera par une tâche non verbale qui réduira la pression sur l’enfant. Il s’agira d’une sorte de rodage qui permettra à l’enfant d’être plus à l’aise avec l’orthophoniste. Si le test initial correspondait à la demande des parents (l’articulation), cela aurait augmenter la pression et peut-être fausser le résultat. A l’inverse, si l’enfant est à l’aise, on peut débuter par un jeu avec une approche non standardisée, qui permettra d’obtenir de nombreux renseignements sur l’articulation bien sûr, mais également sur les capacités expressives et de compréhension de l’enfant, et même sur son débit et sa voix.
Ann TYLER et Leslie TOLBERT
American journal of Speech-Language Pathology, Août 2002, pp.215-220