Actualités Orthophoniques Septembre 2000 (volume 4, n°3)
Cette étude interdisciplinaire a eu pour but d’évaluer l’impact d’une rééducation orthophonique dans une dysphonie chronique, d’établir des sous-groupes de patients susceptibles d’en bénéficier, de comparer le retentissement du traitement sur la qualité de vie.
Un ORL, un orthophoniste, un chargé de cours en pathologie de la voix et un psychologue ont participé à ce protocole.
Sachant que les facteurs psychologiques augmentent l’atteinte vocale et qu’ une mauvaise qualité de voix affecte le bien-être psychologique, est-ce que la rééducation vocale a pour but d’améliorer la voix, le bien-être psychologique, la qualité de vie ou peut-être les trois à la fois.
Les sujets ont été recrutés à partir de critère précis par rapport à la dysphonie et à la pathologie présentée. Par exemple ont été éliminés les patients présentant une tumeur, une paralysie des cordes vocales etc…204 patients ont été acceptés dans l’étude ( ¾ de femmes et ¼ d’hommes).
Deux groupes seront traités et un troisième observé durant une période allant de 12 à 14 semaines.
Des groupes d’indicateurs ont été utilisés et évalués :
• L’auto-évaluation du patient : à l’aide du Vocal Performance
Questionnaire, comportant 12 items.
• L’évaluation par l’observateur : à partir d’un enregistrement d’une lecture faite par le patient, un orthophoniste analyse 10 aspects de la voix ( hauteur tonale, sonorité…).
• Les variables acoustiques dérivées par ordinateur : la perturbation de la hauteur tonale ou « jitter » et la perturbation de l’amplitude ou « shimmer »
• Les caractéristiques laryngoscopiques
• Les indicateurs psychologiques : l’échelle HADS (Hospital Anxiety and Depression Scale) auto-administrée et qui évalue le niveau d’angoisse et de dépression. Le CIS-R (Clinical Interview Schedule) qui est pratiqué par le psychologue.
• La qualité de vie : indicateur de l’état de santé général (Short-Form 36) également auto-administré.
Résultats
Sur le plan de la qualité de voix, la rééducation vocale a amélioré la qualité de voix auto-évaluée ainsi que la mesure de la perturbation d’amplitude. On remarque que la qualité de voix du groupe non-traité a empiré. De plus le traitement a un effet, mais pas le temps.
Les indicateurs psychologiques : les notes de départ des deux groupes (traités et non traités) étaient plus élevées par rapport au groupe contrôle. Le test HADS (angoisse) montre que le temps a un effet significatif mais pas le traitement. Les deux groupes se sont améliorés.
La qualité de vie montre au départ une importante dégradation dans les deux groupes par rapport au groupe témoin à l’issue de la passation du SF 36. Le traitement n’a d’effet que sur une variable : la santé mentale.
En conclusion, la rééducation vocale de la dysphonie est efficace en terme d’amélioration de la voix. Mais la dysphonie est associée à une souffrance psychologique et la rééducation vocale a peu d ?effet sur ce paramètre. La qualité de vie est également peu améliorée.
Bibliographie:
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J. WILSON et coll.
Congrès du CPLOL, 2000