Présentation concrète de la prise en charge orthophonique des troubles du langage écrit
F.LIAUNET – A.N.A.E. – N°118 – Septembre 2012
Que vous soyez orthophoniste (ou logopède) depuis un an, dix ans ou quarante ans (eh oui, cela existe…), vous vous posez sans doute de temps en temps (espérons le !) des questions sur votre pratique, en particulier en ce qui concerne les troubles du langage écrit, qui ne sont pas parfois dénués d’ambiguïté. Alors cet article est pour vous : clairement exposé (on sent la pédagogue sous la plume) sans zone d’ombre, à l’exception fondamentale mais hors sujet de « où commence et où s’arrête la pathologie et l’intérêt orthophonique d’une prise en charge ».
L’article est court et mérite une lecture intégrale. Mais relevons simplement quelques points forts qui d’ailleurs pourraient s’appliquer à d’autres pathologies… Rien de révolutionnaire ni d’innovant, mais une synthèse de qualité et cela est souvent bien utile « pour se remettre sur les rails ».
« Le bilan est à la fois particulier et standard ».
Il est particulier car il s’adresse à une personne singulière, unique, avec sa demande, sa plainte…. Il est standard dans sa méthodologie systématique, commune à toutes les orthophonistes.
« Le temps d’évaluation va s’appuyer à la fois sur du « testing », à la fois sur une observation naturelle et semi-dirigée »… Evaluation quantitative par rapport à une norme chiffrée, mais aussi qualitative pour les stratégies mises en œuvre et le comportement.
« C’est un diagnostic positif après exclusion d’un déficit intellectuel, d’un trouble sensoriel, d’un trouble psychoaffectif, d’une déscolarisation, d’une déprivation culturelle ». Ne l’oublions pas….
Les objectifs de la rééducation sous le double angle de l’objet (« ce que sont lire et écrire ») et du sujet (la plainte, le symptôme..).
L’importance du rôle des fonctions exécutives est judicieusement rappelé, dans ce rôle de « chef d’orchestre » de nos activités cognitives et langagières.
« Ces pathologies du langage écrit ne sont bien sûr pas des maladies mais de réels handicaps du quotidien responsables de l’impossibilité à déchiffrer, identifier, comprendre, mémoriser, engrammer, bref à se confronter aux apprentissages quotidiens ». Plusieurs cas sont présentés pour illustrer ce handicap dont nous connaissons bien l’importance dans le parcours de vie de nos patients.
L’auteur distingue la prise en charge directe (travail rééducatif, outils de compensation…) et la prise en charge indirecte (« interactions du sujet et de ses troubles avec son environnement proche »).
Par ailleurs, elle distingue « plusieurs approches qui ne s’excluent pas »
- Approche formelle = amélioration d’un domaine spécifique, centrée sur le trouble et visant à une meilleure performance
- Approche fonctionnelle, plus écologique permettant une amélioration des performances dans le réel.
- Approche psychanalytique, centrée sur le sujet et qui tient compte des intrications psychologiques.
Enfin, l’auteur sépare différents versants d’attaque, très largement explicités :
- Instrumental = entrainement des outils déficitaires, renforcement de certaines compétences, « conscientisation des outils utilisés »….
- Cognitif = stratégies mises en œuvre et organisation cérébrale. Développement des stratégies de renforcement et optimisation des activités .
- Psycholinguistique = Adaptation de l’objet du travail aux besoins du patient (hiérarchie des difficultés ou variation des paramètres psycholinguistiques)
- Psychologique = Répercussions du trouble dans la relation thérapeutique et interrelations du sujet avec son entourage.