Papa est à la maison

Actualités Orthophoniques Juin 2000 (volume 4, n°2)
Voici un roman, un vrai, à ne pas mettre entre toutes les mains, ou plutôt devant tous les yeux. Car il est long comme un vrai roman (90 pages…) et, même s’il est écrit de façon « moderne » et non académique, seuls les plus chevronnés en lecture n’abandonneront pas la partie. Ce qui bien sûr pose le problème suivant : « A quoi peut bien servir un livre écrit avec plein de pages lorsque l’on doit s’intéresser au langage écrit défaillant ? ». Mais par votre expérience, vous avez bien sûr une réponse et vous savez bien que de tels livres sont utiles.
Parlons un peu du sujet : selon le titre et surtout la quatrième de couverture, c’est le spectre du chomage qui planerait sur la famille d’Elodie.

Mais l’impression est toute autre lorsque l’on a refermé le livre . Bien sûr, le père est à la maison et la vie familiale va se modifier : il va « apprendre » un nouveau rôle tandis que son épouse gagnera une promotion au travail en reprenant un temps plein. Aux yeux d’Elodie, il va devenir une sorte de héros, alors que la mère apparaît comme une simple faire-valoir. Cette perception nous a semblé quelque peu exagérée, injuste et un peu choquante. Car on sent bien que, malgré les apparences, c’est la mère qui doit continuer à tout gérer alors que le père reçoit les lauriers…Enfin, passons, mais ne faisons pas des hommes des héros parce qu’ils apportent à leur enfant un verre d’eau le soir ou parce qu’ils vont une fois par an au gala de danse…

Donc le père est en chômage, mais sans détresse. Ni celle de l’angoisse de ne pas retrouver un emploi, ni celle des ressources qui s’amenuisent (la mère veillait déjà au grain des économies de nourriture..). Et très vite, le vrai sujet du livre dépasse celui annoncé pour être davantage (et plus simplement) la chronique de vie d’une enfant de 10/11 ans. L’auteur s’est-il laissé entraîner ou bien a-t-il considéré que le sujet initial était trop limité ? Mais le résultat est bon et c’est le principal.

Tout au long des pages, c’est la « dure » vie d’Elodie, avec ses problèmes de copines, de friandises, d’anniversaire, avec son cortège de frustrations et de petits bonheurs, qui défile de façon souvent bien agréable, avec plein de naturel et quelques pointes d’humour bien sympathiques.

Et n’hésitez pas à laisser de côté la dernière page, où le père annonce fièrement que le jour où il retrouvera un emploi, il choisira d’être à mi-temps…C’est du blablabla….
Mikaël OLLIVIER

Ed. THIERRY MAGNIER, 2000, 90 pages, 43FF