Neuropsychologie en pratique(s)
C. THOMAS-ANTERION et E. BARBEAU
Collection GRECO, Ed. Solal, 2011
Ah la neuropsychologie ! Son intrusion dans la sphère de nos conceptions et de notre pratique orthophonique a été pour beaucoup d’entre nous un moment difficile. Car il y a l’avant et l’après…. De façon à peine à l’emporte pièce, avant on décrivait les symptômes, maintenant on les relie à des modèles explicatifs de la normalité. Dans les premiers temps de cette apparition de cette branche de la psychologie, on a vu apparaître des « boites » et le rejet a souvent été important. Et puis on a peu à peu compris que cette architecture, ces liens, ces ruptures de liens constituaient une arme redoutable pour une meilleure compréhension et donc une meilleure thérapie. Comment prendre en charge un enfant dyslexique sans se référer aux deux voies de lecture « normale ». Comment faire une évaluation de TC ou de malade Alzheimer sans avoir (au moins en partie) compris le fonctionnement des différentes fonctions….Et comment comprendre le rapport détaillé de la neuropsychologue du service de neuro…
Mais nos études sont bien inégales, selon les époques et les lieux pour nous inculquer ce qui peut nous être utile voire indispensable dans la neuropsychologie… Alors ce livre « Neuropsychologie en pratique(s), même s’il date de deux ans maintenant, nous semble réellement important à se procurer. Parmi ses avantages, son prix (20 euros seulement), son épaisseur (135 pages écrites assez gros…), le style de l’écriture, toujours facile à lire tout en étant précis et efficace, des encarts illustratifs bien utiles. Mais aussi la place reconnue à l’orthophoniste, ce qui est loin d’être habituellement le cas dans cette discipline. Merci donc à Mme Thomas-Antérion pour sa confiance. Et bravo à la pléiade d’ « écrivains » qui ont su présenter simplement ce que certains compliquent à l’envi.
Faute de pouvoir résumer ce livre (ce qui n’est pas notre but puisque nous suggérons fortement que si vous vous posez quelques questions sur la neuropsychologie et son apport dans notre travail vous achetiez illico presto le livre en profitant des longues et douces soirées du printemps pour le lire), voici les principaux chapitres qui vont vous allécher…. (avec quelques extraits essentiels)
- La neuropsychologie : une discipline d’individualisation récente
« La neuropsychologie n’est pas l’apanage d’une profession… elle regroupe des personnes animées par des préoccupations proches »
- Définitions, domaines et méthodes, acteurs et lieux d’exercice, formation
« C’est la discipline qui étudie les liens entre fonctionnement du cerveau et comportement ». « Le clinicien ne doit pas se contenter d’analyser les résultats des patients aux épreuves… Il doit aussi être capable d’apprécier le comportement durant l’entretien et pendant le bilan neuropsychologique »
« La prise en charge neuropsychologique a aussi pour objectif de restaurer, autant que faire se peut, l’autonomie personnelle, sociale et professionnelle du patient »
« La manière dont le système cognitif se désorganise après une atteinte/dysfonctionnement cérébral est nécessairement en relation avec son organisation et son fonctionnement normal ».
- Les indications du bilan neuropsychologique
Les motifs sont multiples
– « Déterminer le retentissement cognitivo-comportemental d’une pathologie connue (par exemple les maladies neurodégénératives ). Cela fournit une appréciation assez juste du fonctionnement du sujet et de la manière dont celui-ci compense et appréhende ses déficits. »
– « Contribuer au diagnostic (l’évaluation approfondie venant souvent étayer une hypothèse diagnostique) ».
– « Documenter une plainte »
– « Etablir le projet de soin individualisé du patient »
– « Etablir une ligne de base »
– « Contribuer à une expertise médico-légale »
Mais aussi les « obstacles au bilan neuropsychologique (imprécision de la demande, contexte défavorable, opposition du patient, déficits sensoriels ou moteurs, barrière culturelle et/ou linguistique) ».
- La démarche générale du bilan
L’entretien clinique est longuement développé, avec des notions qui nous concernent également dans notre pratique, posées de façon concrète. Suivent les différents bilans selon leur motif. Et « une série de questions « éthiques » autour des acteurs du bilan ». par exemple le plein consentement du patient et une pleine coopération à obtenir. Avoir une attitude encourageante et stimulante. La situation d’échec est appréciée de même que l’anxiété face aux épreuves…
- Les tests et échelles, et leur utilisation
Le chapitre commence par rappeler ce qu’est un test, qui est une situation expérimentale et donc non réelle (même pour les plus « écologiques »). Les notions de sensibilité et de spécificité sont évoquées. Puis les auteurs s’intéressent aux bilans standard, aux échelles et questionnaires sans oublier les batteries informatisées et leurs limites.
- Les normes et leur utilisation
- Compte-rendu et restitution
Ce chapitre est bien sûr très important pour nous. On y évoque la présentation du C-R et les informations qui doivent y être consignées, la présentation des résultats aux tests avec la notion d’analyse qualitative et non uniquement quantitative.
La restitution est un moment essentiel avec quelques notions à intégrer dans notre comportement.
- La prise en charge des troubles cognitifs
Il est fort judicieusement rappelé que la finalité de la PEC vise l’autonomie, la réinsertion sociale et professionnelle. On semble l’oublier bien trop souvent dans notre profession… en culpabilisant de ne pas être uniquement technique avec des exercices…..
La double orientation de la prise en charge (cognitive et écologique) est notée.
La notion de « demande » est évoquée afin qu’il n’y ait pas d’ambigüité avec le patient ou son entourage. Dans ce chapitre, on évoque également le contrat de rééducation et son arrêt, des sujets qui interrogent beaucoup les orthophonistes, sans oublier la place des aidants, sujet incontournable dans les pathologies cérébrales. La notion de prise en charge holistique (versus spécifique) est discutée et on y apprendra des notions utiles. Enfin la spécificité de la PEC des troubles cognitifs dans la démence est démontrée à la fin du chapitre.
- Recherche clinique et neuropsychologie : considérations éthiques
- La formation en neuropsychologie