Les symptômes non moteurs dans la maladie de Parkinson :
Cognition et comportement
A-M. BONNET et V. CZERNECKI
Gériatrie et Psychologie, Neuropsychiatrie du Vieillissement
N°11 (3) – Septembre 2013
Pour le commun des mortels, la maladie de Parkinson se limite aux classiques troubles moteurs (akinésie, tremblement et rigidité), bien sûr très visibles. Mais pour les patients, et donc pour les soignants, il existe de nombreux autres troubles, apparemment plus discrets mais qui viennent largement entamer la qualité de vie.
Les troubles non moteurs apparaissent dans tous les stades de la maladie y compris en phase pré-clinique, avant même les troubles moteurs (NDLR : on retrouve le même schéma que dans la Maladie d’Alzheimer dans laquelle les études récentes mettent en évidence des atteintes avant même l’apparition des troubles mnésiques caractéristiques). La prévalence est importante, de 21% lors du diagnostic à 88% après sept ans d’évolution.
On doit noter que la plupart de ces troubles non moteurs ne sont pas liés au problème dopaminergique (qui forme le substrat des troubles moteurs) mais à d’autres neurotransmetteurs.
ü Dépression
30 à 50% des patients sont touchés. Elle apparaît parfois avant même les troubles moteurs, mais elle est peu diagnostiquée à ce stade.
Elle est plus ou moins profonde, s’accompagne parfois d’irritabilité, de troubles du sommeil, de dégradation de l’apparence physique. La dépression n’est pas corrélée avec les difficultés motrices et les patients mettent avant tout en avant le trouble moteur, délaissant la prise ne charge des troubles dépressifs.
ü Anxiété
Elle est présente dans 20 à 46% des cas, avec des formes plus ou moins graves (phobies, panique…). Elle n’est pas toujours mise en évidence car les signes cliniques peuvent être inhabituels (agressivité, évitement, difficultés d’expression…).
ü Apathie
La perte de motivation touche à la fois les domaines émotionnel, intellectuel et comportemental, sans que cela soit en lien avec des difficultés motrices ou avec un déclin cognitif sévère. Il s’agit donc d’une diminution des comportements volontaires (donc décidés par le patient lui même) par rapport au niveau antérieur. Elle se rencontre dans 30 à 40% des cas et peut avoir de fortes répercussions sur la qualité de vie.
Il est souvent difficile de la distinguer de la dépression, car d’une part certains symptômes sont communs, d’autre part l’apathie peut simplement faire partie du tableau de la dépression. La diminution de la dopamine cérébrale pourrait être à l’origine de cette apathie et donner donc lieu à une modification de médication pour procurer une amélioration.
ü Troubles du comportement en lien avec la médication dopaminergique
5 à 10% seulement des patients sont atteints par ces troubles, qui sont issus d’une demande compulsive de trop forte consommation de dopamine, aboutissant à des troubles de l’humeur et du comportement (prise de risques inconsidérées, addiction aux jeux…). Le patient devient incapable de résister à ses impulsions (boulimie, achats compulsifs, hypersexualité, jeu pathologique). Une modification du traitement permet un rétablissement normal.
ü Déclin cognitif
Il est bien sûr important de séparer les troubles peu sévères (notion de MCI) et les troubles démentiels. Des troubles cognitifs très discrets pourraient apparaître au tout début de la maladie (ralentissement de la pensée, difficultés de planification et d’organisation, déclin des activités intellectuelles) sans être très handicapants. On parle de syndrome dysexécutif cognitivo-comportemental.
Dans 20% des cas, la démence va se développer au cours de la maladie autour des mêmes troubles qui s’accentuent et deviennent invalidants.
Les outils d’évaluation proposés sont classiques : BREF, Mathis, MMS et Moca.
ü Hallucinations et idées délirantes
Environ 30% des patients sont touchés par ce type de troubles, avec certains profils favorisants. On distingue les hallucinations liés à un excès de traitement dopaminergique en début de maladie (et donc réversible) et celles liées à l’avancée de la maladie et aux troubles cognitifs. Bien qu’elles puissent être anxiogènes, elles sont parfois tues par le patient et donc non prises en charge. Elles sont régulièrement associées à des idées délirantes (avec des thèmes de prédilection comme la notion de préjudice, de persécution et de jalousie).
ü Les troubles non moteurs au stade pré-moteur.
Certains troubles cognitifs et comportementaux apparaissent avant même les premiers troubles moteurs comme il a été dit précédemment : troubles du sommeil , dépression, anosmie, constipation… 90% des patients souffriraient ainsi d’une diminution de l’odorat, qui constitue de ce fait un marqueur précoce de la maladie, prédisant les signes moteurs à quatre ans. La constipation est également liée au processus de la maladie et peut alerter. Par contre la dépression n’est pas prédictive. Les troubles du sommeil, tout au long de la maladie, vont toucher jusqu’à 90% des patients sous diverses formes (crampes, confusion nocturne, syndrome des jambes sans repos, somnolence diurne…)
Notons qu’à chaque mot clé est associée une liste d’échelles d’évaluation.
Extrait sde bibliographie :
DUBOIS et coll. Cognitive deficits in Parkinson disease . Journal of Neurology 1997 n°244
DUBOIS et coll. The FAB : a frontal assessment battery at bedside. Neurology 2000 n°55