Actualités Orthophoniques Décembre 1999 (volume 3, n°4)
Dans le précédent numéro de la revue (pages 51-52) nous avions présenté les cinq premières parties d’un programme d’entraînement américain sur la conscience phonologique. Il ne s’agit pas d’exercices révolutionnaires, mais l’intérêt se situe surtout dans la progression et dans l’exhaustivité.
Voici donc la dernière partie :
Manipulation des sons dans les syllabes.
• Jeu du son initial
Il s’agit de donner de nouveaux noms à des images ou à des objets en changeant le premier son. Par exemple, en choisissant le /t/ , bureau devient /tureau/ ou plutôt /turo/, lion devient /tion/
• Jeu du son final
Il s’agit du même exercice, mais en transformant la fin du mot. Par exemple avec /al/, table devient /tablal/, chaise devient /chaisal/…
• Retrouver la rime dans des comptines ou des airs connus
On raconte une première fois une comptine, puis une deuxième fois en enlevant un mot et en demandant à l’enfant de le compléter.
• Trouver des rimes à des mots concrets
On demande à l’enfant de trouver un mot qui finit comme…
NDLR : Bien sûr l’utilisation d’un dictionnaire de rimes par l’orthophoniste n’est pas interdite
• Trouver des rimes à des mots-outils
Il s’agit du même exercice mais avec des mots-outils, ce qui est plus délicat pour l’enfant.
• Comparer des rimes
On demande à l’enfant si deux mots riment, finissent pareil. Par exemple : est-ce que /fille/ et /bille/ riment ? est-ce que /carte/ et /canard/ riment ?
• Identifier une rime « intrus »
Quatre images sont présentées, trois dont le nom rime et un qui ne rime pas. On doit dire chaque mot pour éviter les erreurs ou les ambiguïtés de dénomination.
• Apparier des rimes
On donne un mot stimulus et on demande à l’enfant de dire quels autres mots riment. Par exemple, quel mot rime (finit pareil) avec le mot chat ? chien ? rat ? lapin ?
On doit noter qu’il est fait appel ici à la mémoire de l’enfant. On peut donc commencer par trois mots. De plus la progression commence par des mots très différents (sans phonèmes communs) pour aller vers des mots proches (deux phonèmes identiques). On peut également utiliser des lettres mobiles pour faciliter la tâche.
• Apparier des sons initiaux
On propose à l’enfant quelques mots et on lui demande lesquels commencent par tel son.
Quels mots commencent avec le son /…/ ? Pour les plus jeunes, on peut s’aider d’images, pour éviter la nécessaire rétention.
• Chercher un mot qui commence par un son
On demande à l?enfant : « dis-moi des mots qui commencent avec le son /…/ »
• Assembler deux sons pour former un mot monosyllabique (avec le premier son composé d’un groupe consonantique)
On découpe un mot monosyllabique en deux sons (par exemple blé = /bl/ et /é/). On demande à l’enfant de faire un mot en mettant ensemble les deux sons et en les disant rapidement.
• Idem avec le premier son composé d’une consonne simple
Il s’agit du même exercice mais avec des consonnes simples (ex : bol = /b/ et /ol/)
Dans cette optique, on peut faire des exercices de « familles de mots » en cherchant dans une histoire des mots qui se disent un peu pareil (par exemple les mots se terminant par /in/ et en appréciant la différence.
• Assembler trois sons (constrictives) pour former un mot monosyllabique
Demander à l’enfant de mettre ensemble trois sons pour faire un mot. Par exemple, dis « mmmmmm-aaaaaaa-lllllllll » quel est ce mot ? Les constrictives doivent être utilisées en premier puisqu’on peut facilement les « tenir ».
• Idem mais avec des sons (occlusives)
Idem mais avec les occlusives qui sont plus brèves.
Un jeu est également proposé sur le thème « A quoi je pense ? ». L’orthophoniste choisit une catégorie (par exemple, au hasard ! !, les animaux). Il donne à l’enfant les deux ou trois sons qui composent le mot en les individualisant bien. Par exemple /r/ /a/ (celui là est facile…); l’enfant doit composer le mot.
• Trouver quel son manque en début de mot
Il s’agit en fait de comparer deux mots, un entier et l’autre à qui on a enlevé le son initial. Par exemple : /cor/ et /-anard/. La consigne est la suivante : « Quel son entends-tu dans /cor/ et qui manque dans /-anard/ ? ».
• Trouver quel son manque en fin de mot
L’exercice est le même, mais le son manquant est en fin de mot. « Quel son entends-tu dans /vache/ et que tu n’entends pas dans /ta-/ » ?
• Trouver le mot qui commence par le même son qu’un autre.
« Quel mot commence par le même son que tu entends au début dans…». Par exemple, quel mot commence par le son que tu entends au début de /pomme/ : /banane/, /bonne/, /pipe/
• Trouver le mot qui finit par le même son qu’un autre
Pareil… « Quel mot finit par le même son que tu entends à la fin du mot /vache/ : /voiture/, /biche/, /vélo/
• Trouver le son initial (constrictives)
« Quel son entends-tu au début de tous ces mots : vache, vélo, voiture, vallée ? »
• Trouver le son initial (occlusives)
Il s’agit du même exercice, mais il n’est pas possible de « tenir » le son initial, ce qui complique les choses.
• Trouver le mot qui commence par un son différent
Il s’agit de trouver l’intrus au sein de quelques mots (trois ou quatre) ; on demande à l’enfant « quel mot commence par un son différent », par exemple avec les mots /banane/, /boule/, /fille/ et /balle/
• Trouver le mot qui finit par un son différent
Il s’agit bien sûr du contraire. « Quel mot finit par un son différent », par exemple avec les mots /vache/, /balle/, /touche/, /tache/
• Changer le premier son d’un mot
On dit un mot, puis on change son premier son. Par exemple, on demande à l’enfant : « dis /vache/. Mets un /c/ au lieu du /v/ ». Et l’enfant dira évidemment… /cache/
• Changer le dernier son d’un mot
On change le dernier son. Par exemple, « dis /mur/. Change le /r/ en /l/ et l’enfant devrait dire avec un plaisir non dissimulé /mule/.
• Dire si un mot commence par un son particulier (mot concret)
Il faut donner deux exemples (un correct et l’autre non) pour que l’enfant comprenne bien la question :« Est-ce que le mot tache commence par /t/ ? » « Est-ce que le mot vache commence par /b/ ? »
• Idem mais avec des non-mots ou des mots-outils
« Est-ce que le mot /parou/ commence par /m/ ? »
• Dire si un mot finit par un son particulier (mot concret)
Il s’agit du même exercice que précédemment mais avec le son final. « Est-ce que /piscine/ finit par /ne/ ? » « Est-ce que /lilas/ finit par /ma/ ? »
• Idem avec des non-mots ou des mots-outils
« Est-ce que /bicado/ finit par /po/ ? »
• Identifier le son initial d’un mot (mot concret)
« Quel est le premier son que tu entends dans /maison/ ? »
• Idem avec des non-mots ou des mots-outils
L’exercice est identique au précédent. Mais on utilise des non-mots ou des mots-outils.
• Identifier le son final d’un mot (mot concret)
Cette épreuve est plus difficile pour l’enfant que la précédente.
« Quel est le son que tu entends à la fin du mot /voiture/ ? »
• Idem avec des non-mots ou des mots-outils
L’exercice est identique au précédent. Mais on utilise des non-mots ou des mots-outils.
• Identifier le son médian d’un mot (mot concret)
L’enfant doit analyser un mot monosyllabique pour trouver le son médian. « Quel est le son que tu entends au milieu du mot /car/ ? ».
• Idem avec des non-mots ou des mots-outils
• Identifier tous les sons d’un mot et les compter (mot concret)
On commence par des mots monosyllabiques de 3 sons. « Quels sont les sons que tu entends dans le mot « port/ ? » ou bien « Quels sont les trois sons que tu entends dans le mot /âne/ ? »
• Idem avec des non-mots ou des mots-outils
• Supprimer le premier son d’un mot
Ces exercices sont le plus souvent assez difficiles. On doit donc proposer plusieurs exemples avant l’exercice lui-même.
« Dis le mot /chat/. Dis-le encore mais enlève le /ch/ ». Puis quand le mécanisme est bien acquis : « dis-le encore mais enlève le premier son »
• Supprimer le son final d’un mot
« dis le mot /car/. Puis dis-le encore en enlevant le /r/ (puis le dernier son).
• Supprimer certains sons dans un mot
On utilise des mots à structure complexe : « dis le mot /poste/. Dis-le encore en enlevant le son /s/ ».
• Changer des sons dans un mot
« dis le mot /poste/. Dis-le encore mais remplace le son /t/ par le son /l/ »
• Créer un langage secret
Après cette gamme d’exercices, un petit jeu…
L’exemple donné est le suivant. Par exemple le mot /chario(t)/. On demande à l’enfant de mettre le premier son à la fin = /arioch/ et d’ajouter le son /a/ ou /é/…= /arioché/ ; On peut ainsi « inventer un langage » sous forme de jeu, en travaillant dans les deux sens (Mot normal vers mot codé ou le contraire).
• Utiliser un jeu de boites.
On choisit un mot monosyllabique d’abord. Par exemple, /car/. Il y a trois phonèmes et on fait donc trois petites boîtes en dessin. On place un jeton dans chaque boîte en insistant sur le découpage des phonèmes. Puis on donne à l’enfant des jetons. Il doit dire le mot en décomposant les phonèmes et dans le même temps mettre un jeton dans chaque boîte. Par la suite, l’enfant utilise des jetons de deux couleurs : une pour les consonnes, une autre pour les voyelles. Le dernier stade correspond à l’utilisation de lettres au lieu des jetons.