Actualités Orthophoniques Septembre 2003 (volume 7, n°3)
Deux volumes de la revue « Seminars in Speech and Language » sont consacrés au traitement du bégaiement dans l’école.
Nous sommes loin de ce qui se pratique dans notre chère vieille France.
Dans le premier volume on trouve neuf articles traitant de l’évaluation, des approches thérapeutiques, du planning, de la place du thérapeute dans l’école…..
L’accent est d’abord mis sur l’évaluation des troubles des habiletés de communication de l’enfant, dépassant en cela un simple bilan du bégaiement. Les buts et les stratégies impliqués en découleront et ont pour final de rendre l’enfant qui bégaie un membre actif et productif de la société.
Le thérapeute travaillera en partenariat avec l’enseignant et proposera des buts précis à réaliser au sein de l’école.
Par exemple, pour Johnny, les buts seront :
• répondre à cinq questions par semaine.
• être volontaire pour lire en classe une fois par semaine.
• téléphoner une fois au travail de sa mère/son père.
• aider son orthophoniste quand celui-ci fera une présentation du bégaiement à la classe….etc
A propos de la fréquence des séances, on peut imaginer pour un jeune enfant en classe élémentaire une prise en charge de 10 minutes par jour au début de la journée pour le remotiver. L’orthophoniste aidera l ?enfant à choisir pour chaque jour un objectif : répondre en classe, parler à un ami, demander à s’intégrer dans un groupe de jeu, pratiquer une technique particulière de réduction de la dysfluence…
La généralisation des habiletés ne peut se faire que dans des cadres différents. Il faut penser à les utiliser en classe, mais aussi au gymnase, à la cantine, dans la cour de récréation.
Au-delà du travail sur la dysfluence, les cliniciens peuvent aider les enfants (ainsi que leur environnement) à réduire les réactions négatives du bégaiement et à augmenter la tolérance et l’acceptation de leurs habiletés de parole. En traitant la totalité des désordres entraînés par un bégaiement, les thérapeutes aident l’enfant à réduire les barrières de la communication et à augmenter leurs habiletés communicatives.
Quand les enfants développent une plus grande fluence et un meilleur comportement communicatif, ils ont alors une plus grande opportunité de devenir des communicants réussis.
Tout au long de ces articles, on pointe les émotions et les comportements négatifs découlant du bégaiement sur les habiletés de communication donc de socialisation mises en danger.
Si le premier volume traite des possibilités générales de traitement, le second volume vise à aider les cliniciens face au problème posé par les différences entre les enfants qui bégaient.
Un des grands challenges des orthophonistes face au bégaiement des enfants d’âge scolaire est le fait qu’il y ait une grande disparité de l’un à l’autre.
Il s’agit donc d’identifier les ressources et les besoins différents nécessaires à ces enfants, de leur « tailler » un programme spécifique (par exemple en tenant compte de désordres concomitants) et d’aider les thérapeutes à développer un partenariat avec la famille et les enseignants.
Certains « bégayeurs » présentent des altérations dans leur articulation ou leur langage, ce qui contribue à compliquer les traitements. Il s’agit alors d’identifier les priorités cliniques en déterminant la sévérité des altérations, leur impact sur la vie quotidienne, les autres réactions aux altérations.
Les U.S.A. étant très multiculturels et multiethniques, un article sensibilise les professionnels à la prise en charge de patients de culture différente.
La « Self-Regulation » est une technique qui se réfère à un procédé par lequel l’individu apprend à diriger et contrôler ses propres comportements, pensées et sentiments pour maîtriser ou éliminer son bégaiement. Les bases théoriques de cette approche sont brièvement rappelées et des exemples cliniques l’illustrent.
En conclusion, on retiendra qu’un des aspects majeurs de cette prise en charge à l’école est de généraliser les habiletés apprises dans le cabinet de l’orthophoniste aux différents espaces de l’école : la classe, la cantine, le gymnase, la cour de récréation ou même la maison et de maintenir les progrès sur le long terme. Par ailleurs, initier un partenariat avec l’enseignant mais aussi la famille est un atout important.
Ed. J. Scott YARUSS
Seminars in spe ech and language, 2002/2003, 68 + 64 pages