Dépister les risques de difficultés scolaires en grande section maternelle. Choix d’épreuves

Actualités Orthophoniques Septembre 2003 (volume 7, n°3)
On sait tout l’intérêt d’un dépistage des enfants en difficulté scolaire dès la maternelle. Les orthophonistes y contribuent à travers les prises en charge des enfants de moins de six ans aux prises avec des troubles du langage oral. Mais l’essentiel reste fait dans le cadre scolaire lors de l’examen de santé qui précède l’entrée en CP. A ce moment les médecins scolaires ont l’opportunité d’apprécier d’éventuels troubles ou déficits. Les choses ne sont pourtant pas si simples, faute de moyens et de temps. La « célèbre » batterie Zorman, mise au point en 1999 à Grenoble, est longue (45 minutes) et sa passation ne peut donc pas être systématique.
Les auteurs, orthophonistes et médecins scolaires, proposent donc de sélectionner les épreuves les plus pertinentes, permettant de repérer les enfants à risques ayant besoin d’un bilan complet et d’une prise en charge.

Les auteurs rappellent auparavant quelques données sur l’apprentissage de la lecture et sur les compétences nécessaires :

• Niveau correct de langage oral (en particulier compréhension orale, morphosyntaxe et métaphonologie)

• Capacités visuelles (balayage visuel correct et organisé)

• Capacités attentionnelles et mnésiques

Le bilan de Zorman permet d’évaluer ces compétences de base, des éléments les plus périphériques (acuité visuelle, audition) aux plus centraux (conscience phonologique par exemple), afin de repérer les enfants à risque d’échec lors de l’apprentissage de la lecture.

Le Bilan de Zorman (BSEDS = Bilan de Santé évaluation du développement pour la scolarité 5 à 6 ans) a été proposé à 245 enfants de 5 à 7 ans, en grande section de maternelle. Puis à la fin du CP, 182 enfants (du même groupe..) ont passé le bilan Inizan ( batterie de lecture-écriture INZIR-T2) qui permet de calculer si l’enfant a acquis ou non le « savoir-lire ».

Le BSEDS comporte 12 épreuves :

* reproduction de figures
* épreuve des cloches
* reconnaissance de lettres et discrimination des espaces interlettres
* discrimination phonémique
* épreuve des logatomes
* rimes
* comptage syllabique
* segmentation syllabique
* désignation d’images (vocabulaire)
* compréhension orale
* histoire en images
* mémoire immédiate des chiffres.

Très chics, trois tableaux représentent les « matrices des corrélations par rangs (rhô) sur les variables du bilan »….Passons, même si bien sûr ce travail statistique est nécessaire.

Toutefois, méthodologiquement très prudentes, les auteurs rappellent certaines caractéristiques qui pourraient « fausser » en partie les résultats. Par exemple, le fait que six médecins aient fait passer les épreuves avec le risque d’appréciations différentes. Ou bien, l’âge des enfants (certains avaient 7 ans) alors que le bilan de Zorman est ciblé 5-6 ans. Ou encore que les méthodes de lecture du CP ont pu avoir une influence sur la qualité de l’apprentissage. Ou enfin que l’échantillon choisi n’était pas statistiquement représentatif…

Ceci dit, cela ne saurait mettre en cause les conclusions des auteurs, qui ont sélectionné cinq épreuves :

* la reconnaissance de lettres (compétences visuo-attentionnelles)
* la reproduction de figures (capacités praxiques)
* la segmentation syllabique (niveau auditivo-verbal)
* (et si échec à l’épreuve précédente) l’épreuve des rimes.
* La compréhension orale (niveau langagier)

Selon les auteurs, ces cinq items seraient prédictifs à 5-6 ans du niveau de lecture à 7 ans.

Pour en savoir plus :

SEYMOUR PHK
« Implications des modèles cognitifs dans la rééducation des dyslexies développementales » in « Approches cognitive des troubles de la lecture » de Carbonnel et coll. – 1996 – Ed. Solal
Dominique CRUNELLE et coll.

GLOSSA, n°84, Juin 2003,