Actualités Orthophoniques Juin 2003 (volume 7, n°2)
L’article s’intéresse à l’influence des méthodes de lecture sur le système cognitif et ce, à travers les diverses techniques utilisées dans les premières années de l’apprentissage de la lecture.
La lecture est un ensemble d’habiletés mentales complexes, influencées par un ensemble de compétences cognitives.
Les différentes méthodes d’apprentissage de la lecture :
• Méthodes synthétiques : l’apprentissage débute par les lettres, puis les lettres sont assemblées en syllabes, les syllabes en mots et on parvient ainsi aux phrases. L’enfant doit effectuer un rétablissement de sens à partir d’un enchaînement de lettres en syllabes puis en mots.
Méthode syllabique ( l’unité de base est la syllabe), fausse méthode mixte ( après deux ou trois semaines d’étude globale, la méthode syllabique est introduite) ou méthode phonétique ( l’unité de base est le phonème).
• Méthodes globales ou analytiques : lire revient à comprendre ; l’enfant est confronté à des données qu’il connaît pour en faire émerger des points communs lui permettant de comprendre de nouveaux éléments.
Méthode globale ou méthode naturelle ( Freinet).
• Méthodes mixtes : il s’agit de l’étude de textes courts selon la méthode globale puis d’une démarche synthétique avec analyse des mots, des syllabes et des sons.
Méthode dite du Sablier, méthode mixte pure ou démarches syllabique et globale menées en parallèle.
Expérience : l’étude entreprise vise à déterminer les fonctions cognitives réellement impliquées, voire développées, quand l’enfant est soumis à un certain type de méthode de lecture.
Méthodologie : on a observé 40 garçons et 48 filles de 6 et 7 ans scolarisés en CP avec différentes méthodes de lecture. Les enfants sont testés ( Wisc-III, Inizan, Reversal test et figure de Rey) en début et fin d’année scolaire.
Résultats : les méthodes de lecture n’influencent pas de la même manière le développement cognitif : amélioration significative des compétences pour les subtests cubes et figure de Rey chez les enfants ayant une méthode synthétique, ce qui revient à dire que le fait d’apprendre à lire ainsi favoriserait l’apprentissage d’une structuration dans l’espace appliquée aux formes abstraites et le développement de la perception des détails d’un ensemble.
Les méthodes globales interviendraient dans le développement du raisonnement inductif.
Conclusion : l’influence de la méthode de lecture sur les compétences cognitives est réelle ; l’enfant , selon ses capacités initiales, sera plus ou moins réceptif au type d’enseignement proposé, d’où l’importance de l’évaluation des pré-requis.
La méthode mixte ne montre pas de résultats positifs ; on peut donc penser qu’en début d’apprentissage l’enfant doit parvenir à maîtriser correctement une des deux techniques ( globale ou synthétique) avant d’avoir une approche mixte.
Laurent LEFEBVRE
Psychologie & Education, n°52, 2003, pp.49-64