Dans l’esprit commun, la maladie de Parkinson se rapporte à des troubles moteurs et en particulier à des tremblements. mais cette maladie neurodégénérative est plus complexe et notre rôle dans sa prise en charge varié: troubles cognitifs, vocaux, arthriques, de déglutition. L’article présenté ici est une bonne synthèse de ces actes de soins.
La rééducation orthophonique de la dysarthrie et des troubles de la déglutition
dans la maladie de Parkinson
M.RUIZ et coll
Revue de Neuropychologie – N°4 Supplément 1 – Septembre 2012
Voici une très bonne synthèse à propos de la prise en charge orthophonique dans les dysarthries et les troubles de la déglutition parkinsoniens et ce texte a été rédigé par des orthophonistes, ce qui n’est hélas pas fréquent. Bien sûr pour les professionnels habitués à ce genre de rééducation, ce texte n’apportera que peu de choses, mais pour la plupart d’entre nous, qui ne travaillont qu’épisodiquement dans cette pathologie, l’apport est vraiment important.
La maladie de Parkinson repose avant tout sur la triade : tremblement de repos, rigidité et bradykinésie ( c’est à dire des mouvements ralentis des doigts et la perte des mouvements fins comme ceux de l’écriture). D’autres troubles moteurs peuvent se développer au cours de la maladie comme les troubles de l’équilibre, de la marche et de la posture ou les troubles de la parole et de la déglutition.
La dysarthrie parkinsonienne :
ü Définition et caractéristiques
De façon générale, dysarthrie : « trouble de l’exécution motrice de la parole consécutif à une lésion du système nerveux ». On distingue les troubles arthriques et la dysphonie.
La dysarthrie du Parkinson est qualifiée d’hypokinétique et elle est très finement analysée dans l’article.
ü Batterie d’évaluation clinique de la dysarthrie (BECD)
Conçue par Auzou et Roland-Monnoury (encore une ortho !), elle est éditée par Ortho-Edition. Six domaines sont étudiés : la sévérité du trouble, l’analyse perceptive, l’autoévaluation, les listes de mots, l’examen moteur et l’analyse acoustique.
ü Rééducation par la LSVT = Lee Silverman Voice Treament
C’est la méthode de référence depuis la Conférence de Consensus de 2000. La méthode de Lorraine Ramig représente une avancée très significative qui a donné aux orthophonistes un outil reconnu et de qualité.
Ramig constate trois difficultés chez le sujet parkinsonien :
– réduction globale de l’amplitude de la parole = voix faible
– mauvais contrôle des efforts vocaux en lien avec un trouble de la perception sensorielle
– réelle difficulté pour le sujet parkinsonien de générer seul la quantité adéquate d’effort pour sa voix.
Ramig propose cinq concepts autour du « Parler fort, penser fort »
– augmentation de l’intensité vocale
– effort important
– rééducation intensive (Une heure, 4 fois par semaine pendant 4 semaines de suite + travail à domicile)
– calibrage
– quantification
Selon les auteurs de l’article (NDLR mais tous les avis cliniques semblent converger dans ce sens), la LSVT a un effet thérapeutique multiple :
– communication fonctionnelle améliorée tout de suite
– amélioration de la voix
– amélioration du souffle phonatoire
– visage plus expressif… etc.
La méthode est simple, donc sans charge cognitive forte chez des patients en difficulté. La durée d’intervention est limitée ce qui amène une forte mobilisation du patient et du thérapeute.
Il y a toutefois des limites :
– peu d’effet sur la palilalie
– adaptations nécessaires au cours de l’évolution de la maladie
– difficulté d’organisation du calendrier en pratique libérale
– manque d’orthophonistes formés, lié au « brevet » octroyé exclusivement par les « inventeurs » américains et à l’absence actuelle de formation officielle ;
Les troubles de la déglutition dans la maladie de Parkinson
Les troubles de la déglutition, modérés ou sévères, touchent plus de la moitié des patients parkinsoniens. Cela va de la simple hypersalivation à la pneumopathie mortelle.
Les auteurs rappellent en détail les trois temps de la déglutition :
– temps buccal
– temps pharyngien
– temps oesophagien
Les troubles eux mêmes peuvent avoir lieu à chacun de ces temps comme l’indique ces exemples :
– au temps buccal, lenteur d’initiation des mouvements volontaires de mise en bouche ou lenteur des mouvements de mastication…
– au temps pharyngien (qui est crucial car le plus dangereux), retard du déclenchement du temps ou diminution du péristaltisme (c’est à dire les contractions musculaires assurant la progression du bol)…
– au temps oesophagien également
Les auteurs présentent ensuite les éléments du bilan orthophonique (enquête alimentaire, questionnaire et examen clinique) et médical par un ORL
Le traitement peut être dans certains cas médicamenteux (dopamine, injection d’apomorphine) ou chirurgical mais il est souvent aussi orthophonique autour de trois éléments :
– prise de conscience du trouble (passage de l’automatique au volontaire)
– adaptation de l’environnement et des aliments
– entraînement et contrôle des processus sensitifs et moteurs.
Mais la PEC orthophonique exige une motivation forte du patient, un bon état général et un fort niveau d’attention, ce qui pose des problèmes dans le décours de la maladie.
Bibliographie courte :
– les articles de Ramig et de ses collègues sont naturellement en anglais…et publiés dans des revues peu diffusées en France. Citons l’article de Sapir, Ramig et Fox « Intensive voice treatment in Parkinson’s disease » paru en juin 2011 dans la revue « Expert Review of Neurotherapeutics ».
– « La réhabilitation de la déglutition chez l’adulte » de Woisard et Puech, chez Solal-De Boeck, publié en 2003, reste un incontournable.
NDLR : Si vous n’étiez pas familier avec ce domaine, vous devez rester sur votre faim car nous vous avons soigneusement caché plein de détails dans cet article. C’est la règle du jeu en matière de synthèse et de résumé au risque de plagier illégalement.
On doit donc donner envie au lecteur de se procurer (et de lire…) l’article intégral, en s’abonnant à la revue ou en passant par les services d’une bibliothèque universitaire voire municipale, et sans doute bientôt par nos soins avec l’accord du Centre Français de la Copie.