Actualités Orthophoniques Septembre 2000 (volume 4, n°3)
Dans de nombreux domaines de nos interventions, l’activité de conseil et/ou de guidance est inséparable des soins eux-mêmes. Dans cet article, les auteurs vont montrer que l’acceptation du handicap par les patients améliore leur qualité de vie sociale.
Il est bien reconnu que l’activité de conseil constitue une composante incontournable dans la rééducation auditive, parce qu’il permet d’accroître le potentiel de communication entre le sujet et ses partenaires. Il s’agit, au delà de l’amélioration des capacités de parole, de créer des changements dans l’environnement et de développer des tactiques pour éviter les ruptures dans la communication.
Une part importante consiste à offrir aux malentendants un conseil qui leur permettra d’accepter leur handicap et d’ajuster d’éventuelles attitudes négatives face à leurs partenaires de communication.
En effet, on note de fréquentes difficultés dans l’ajustement malentendant-partenaire. Par exemple, les caractéristiques spécifiques de la personne sourde ou la présence visible d’appareils provoquent davantage de discrimination. Le malentendant peut apparaître incompétent, inférieur et peut créer un sentiment d’incertitude par ses partenaires.
Pour lutter contre ces sentiments négatifs, Hastorf et coll. a mis au point en 1979 une stratégie spécifique appelée « tactique de reconnaissance et d’aveu ». Il s’agissait de pousser les malentendants à dévoiler et à reconnaître leur handicap dès les premiers échanges. En effet, l’auteur note que les partenaires préfèrent travailler avec des personnes qui reconnaissent (et acceptent) leur handicap. D’autres études à propos des laryngectomisés ou des bègues conduisent à des résultats analogues. Par exemple des bègues qui avaient utilisé cette stratégie recevaient des jugements plus favorables en ce qui concerne leur intelligence ou leur personnalité.
Il est important que cette reconnaissance soit franche et positive. Si la tactique est empreinte de timidité, d’hostilité voir d’agressivité, le résultat souhaité ne sera bien sûr pas obtenu.
Dans cet article, les auteurs présentent une expérience reposant sur le visionnage par des étudiants de cassettes présentant deux malentendants parlant de leurs loisirs et de leurs centres d’intérêt. Sur deux cassettes, les malentendants reconnaissent en fin d’interview leur handicap. Sur les deux autres, ils le dissimulent. On a ensuite demandé aux étudiants comment ils percevaient les malentendants (avec l’aide d’adjectifs de jugement) puis avec qui ils aimeraient travaillé et pourquoi.
60% pensent que les malentendants ayant « avoué » leur trouble communiquent mieux et 75% préfèreraient travailler avec ceux-là. Les adjectifs de sincère, sociable, catégorique, amical sont utilisés pour les décrire.
I. BLOOD et G. BLOOD
Journal of Communication Disorders, 1999, vol.32