Attention la mémoire

Actualités Orthophoniques Juin 2000 (volume 4, n°2)
Sous ce titre en forme de clin d’oeil, il s’agit bien sûr d’un livre très sérieux, qui constitue en fait les Actes des XIIème Jounées du GRAL, qui ont eu lieu en Janvier 1999 sur le thème : Contribution au diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer.
Cet ouvrage s’inscrit dans une lignée à la double initiative de B-F MICHEL, médecin et d’André COHEN, Editeur, dont le rôle majeur est souligné dans l’avant-propos. Peu à peu se bâtit ainsi tout l’environnement scientifique qui va du concept à la thérapie dans le cadre de la maladie d’Alzheimer.

Nous ne vous cacherons pas que le niveau requis pour lire (et comprendre !) cet ouvrage n’est pas basique. L’appréhension de ces concepts nécessite absolument la connaissance d’un vocabulaire spécifique ainsi qu’un véritable suivi dans cet univers scientifique et dans sa façon d’être présenté. Mais si vous acceptez de faire cet effort intellectuel (c’est vrai que l’approche de l’été n’est pas un facteur positif..), vous serez largement récompensé par de nombreux articles tout à fait passionnants et qui montrent l’actualité dans chacun des domaines évoqués.

L’ouvrage est subdivisé en quatre parties :

• Les aspects conceptuels

• Les aspects cliniques

• Les mesures et les structures de prévention

• Les aspects thérapeutiques.

Il n’est guère possible de « résumer » un tel ouvrage, mais certains articles nous seront plus familiers.

Par exemple, celui de J-F Camus sur « Attention et mémoire » qui met en avant les liens entre attention et apprentissage avec des questions du genre « Peut-on apprendre sans faire attention ? ».

Ou bien celui de Fabrigoule et coll. sur « l’épidémiologie du vieillissement cérébral », dans le cadre de l’enquête PAQUID.

Celui de Delacourte et David sur « le modèle cellulaire du vieillissement cérébral », dans un domaine où rester à jour constitue une véritable performance pour un praticien.

Dans les aspects cliniques, l’article sur « Attention et plainte mnésique » de Michel et coll. Que représente ce trouble ? Est-ce un trouble indépendant ou bien est-il annonciateur de la démence ? Quelle est la relation entre plainte mnésique et troubles attentionnels ?

Ce qui donne parmi les conclusions que les troubles attentionnels ne sont pas le signe le plus précoce de la maladie d’Alzheimer mais que le dysfonctionnement hippocampique, encore compensé et conscient, s’exprime dans la plainte mnésique.

D’autres chapitres traitent de :

– Attention et anasognosie

– Attention et anxiété

– Attention et héminégligence

– Attention et négligence motrice…

Dans la partie consacrée aux mesures, la présentation de Godefroy et coll. devrait particulièrement nous intéresser car il traite de l’évaluation et de ses mesures (Trail making Test, Stroop…)

3 chapitres traitent de la prévention, à travers un réseau de soins, l’IRIPS et le rôle de l’hospitalisation de jour.

Le réseau de soins parait être une réponse bien adaptée à la spécificité de la personne âgée. Le regard et la prise en charge sont globaux, touchant à la fois au médical, au psychologique et au social, sans négliger les dimensions économiques ou sociologiques. Composé d’acteurs d’origine variée, il est un lieu de multidisciplinarité par excellence.

Les auteurs relatent en détail une expérience spécifique réalisée à Paris, en montrant les intérêts et les limites.

L’IRIPS est une autre forme de réponse : elle a pour but de retarder l’apparition de la dépendance. Deux actions coexistent :

• la détection des facteurs de risque

• l’orientation vers des activités dynamisantes et socialisantes.

L’Hopital de Jour est le lieu des soins, souvent dans une perspective diagnostique et thérapeutique. C’est une structure particulièrement adaptée aux difficultés des sujets âgés, car proche des conditions de vie normale.

C’est un lieu d’expertise, avec un rôle de diagnostic (bilans mnésiques par exemple) effectué par des équipes toujours multidisciplinaires.

C’est un lieu de relation

C’est un lieu de référence pour proposer des soins spécifiques

C’est un lieu d’attention, car il y a un réel suivi thérapeutique.

La dernière partie concerne la thérapie. Le rôle des neurotransmetteurs et des médicaments spécifiques est abordé à propos de l’attention.

Un chapitre est consacré à « Psychothérapie et démence ». Différents types de thérapies sont ici listés, avec des explications suffisantes et claires. Ce chapitre apparait très utile car il nous ouvre sur un champ assez méconnu.

Enfin, trois pages (3…) sont consacrées à l’activation cognitive, avec un cadre et des pistes intéressantes.

JF CAMUS, M-C GELY-NARGEOT, B-F MICHEL

Ed. Solal, 2000, 228p. 220FF.