Mémoire de travail et maladie d’Alzheimer (ADAM et COLLETTE)

Neuropsychologie de la mémoire de travail
(Aubin et al. ? 2007 ? Ed. Solal)

Mémoire de travail et maladie d?Alzheimer (Adam et Collette)

Quelques généralités pour vous mettre en bouche :
1. La maladie d?Alzheimer s?inscrit dans la famille des démences neurodégénératives à prédominance corticale, qui se caractérise par une détérioration progressive et globale des fonctions cognitives.
2. On note une hétérogénéité des déficits cognitifs et de leur évolution, avec toutefois la prévalence dès les premiers stades ce certains troubles et particulièrement de la mémoire épisodique.
3. Des études ont montré la présence précoce d?autres troubles cognitifs : mémoire de travail et fonctions exécutives.
4. Selon Fabrigoule et Salthouse, il y aurait dès le stade préclinique une détérioration d?un facteur général, représentant les processus exécutifs contrôlés intervenant dans le traitement de l?information, alors que les processus automatiques seraient préservés en début de maladie.

MdT et MA.
– la mémoire de travail « a pour fonction de maintenir temporairement active une petite quantité d?informations pendant la réalisation de tâches cognitives diverses.
– Elle comporte trois composantes : le registre visuo-spatial, la boucle phonologique et l?administrateur central.
1. Le registre visuo-spatial
Les données disponibles sont très limitées.
Certaines épreuves sont déficitaires (test de Corsi par exemple).

2. La boucle phonologique
On note un effet de récence dans la MA : les patients vont avoir tendance à rappeler plus fréquemment les derniers mots d?une liste apprise. En effet, les derniers mots restent présents dans le stock phonologique.
L?absence de récence indiquerait une atteinte de la boucle phonologique. Il est toutefois bien difficile de tirer des conclusions claires des diverses études parfois contradictoires.
Au total, les conclusions actuelles vont dans le sens d?une préservation au stade précoce des processus automatiques inclus dans la boucle phonologique alors que les processus liés aux tâches de l?administrateur central seraient perturbés dès le stade précoce.

3. L?administrateur central.
Il s?agit d?un système attentionnel de contrôle (le système exécutif) qui a pour fonction :
– de procéder à la sélection de stratégies d?action les plus efficaces
– de coordonner les opérations des différents sous-systèmes
– de gérer le passage des informations vers la mémoire à long terme.
Lors des premières études (1986), on a pensé que ce système essentiel était préservé et que les difficultés ne survenaient que tardivement dans la MA. Or il semble bien que les troubles soient plus précoces.
o La flexibilité
La flexibilité réactive : capacité à déplacer le foyer attentionnel d?une opération à une autre (mise en évidence dans le TMT B ou le WCST-Wisconsin). Chez les MA, on note un allongement important du temps de réalisation et la production de davantage d?erreurs.
La flexibilité spontanée : production d?un flux d?idées ou de réponses suite à une question simple (mise en valeur par les tâches de fluence). Chez les MA, on note une diminution de la performance pour la fluence sémantique et (de façon moindre) sur la fluence phonologique. L?importance du déficit de fluence est d?ailleurs liée à la dégradation notée dans le MMS.
On doit donc penser que les deux types de flexibilité sont altérés dans la MA.

o La gestion des tâches doubles
La coordination des tâches doubles est une importante fonction exécutive. Les MA ont des résultats très chutés alors que les tâches séparées sont bien réussies. La détérioration est donc la conséquence du traitement simultané et non de la difficulté de la tâche. Camicioli a même montré que parler et marcher en même temps était difficile pour le MA qui devait ralentir sa marche.

o Les processus inhibiteurs
Les tâches d?inhibition contrôlée, mises en évidence par l?épreuve de Stroop. L?effet d?interférence est important chez le MA avec un allongement du temps de réponse et un nombre important d?intrusions.
Les tâches plus automatiques avec les notions d?amorçage négatif, d?inhibition de retour et de tâche d?oubli induit à la récupération !
Même si les résultats sont divergents, on doit noter une altération des mécanismes inhibiteurs dans la MA.

En conclusion, la présence de déficits en matière de mémoire de travail semble largement acceptée, certains auteurs pensant même que ce déficit a des retombées sur d?autres domaines cognitifs. Des auteurs lient le trouble d?encodage de la mémoire épisodique à ce déficit de la mémoire de travail.
De même la précocité des troubles de l?administrateur central semble acquise, alors que les capacités de stockage en mémoire de travail semblent préservées dans les phases initiales.

Notons que si la présentation détaillée et argumentée des déficits, avec force épreuves de laboratoire, est très intéressante, il n?y a rien sur une prise en charge et un essai de revalidation?Sans doute une limite essentielle de la neuropsychologie.