Le langage, qu’est-ce que c’est ?

Actualités Orthophoniques Juin 2003 (volume 7, n°2)
Bien sûr, vous êtes orthophoniste, logopédiste ou logopède et vous savez TOUT du langage. Et pourtant ce livre vous est indispensable.
Pour vous d’abord : en cette saison chaude, les gros traités trop sérieux ne sont pas d’actualité. Par contre, les ouvrages qui savent présenter avec plaisir et humour des données scientifiques indispensables, et qui plus est, sous une forme facile à prendre et à laisser, sont à privilégier pour les après-midi pluvieuses ou les soirées enfin sans télé.

Mais aussi pour vos patients, car vous trouverez réponse à pas mal de question concernant le langage, dans un style simple et agréable.

L’ouvrage se présente sans didactisme. Mais avec une qualité d’écriture et de présentation indéniable.

Un peu à la manière de l’ouvrage présenté juste après, « Le langage qu’est-ce que c’est ? » fonctionne avec des questions et des réponses n’excédant que rarement trois pages et se limitant quelquefois à une demie- page. Les questions sont regroupées en quatre chapitres et elles évoquent l’essentiel des interrogations que l’on peut avoir dans ce domaine…et même plus.

Le plus simple est d’aller fouiner au c?ur des pages.

Le premier chapitre est intitulé « Le langage est humain ». ce n’est pas le plus intéressant mais certaines questions du genre « Mais pourquoi ne parlons-nous pas à la naissance ? » ou dans un style plus encyclopédique « Babel : un mythe ? » méritent un galop d’essai.

Le second chapitre « Des sons aux mots : le parcours du sens » vous replongera sans doute dans les affres (ou les plaisirs) de vos études. C’est un chapitre d’une centaine de pages dans lequel on retrouve toutes les composantes du parfait petit étudiant : « Phonétique et phonologie : où est la différence ? », juste pour vous rafraîchir les neurones, ou « la grammaire, à quoi cela sert-il ? », pour pouvoir expliquer à certains patients son rôle, ou bien sûr « comment passe-t-on du mot au sens ? ». Mais il y a aussi des questions moins classiques : « Pourquoi et comment trouvons-nous nos mots si vite ? » Vous donnez votre langue au chat…C’est l’existence d’un dictionnaire mental mis en évidence dans les épreuves d’indiçage. Ou encore « Peut-on tout dire avec des mots ? » avec cette réponse évidente : NON….. ou enfin « un dictionnaire peut-il être complet ? ». Vous savez bien que non, mais pourquoi alors ??

Le troisième chapitre s’intéresse à « Le langage en nous ».

On aborde ici le langage en action, en contexte et bien sûr l’intérêt des questions est plus direct pour nous. Mais surtout ces questions sont de celles que nous posent ( ou pourraient) nous poser nos patients : il y a donc là, bien expliqué, correctement argumenté, très actualisé, et de façon simple, des réponses utilisables presque telles quelles.

La première question est réellement première… « Comment l’enfant apprend-il à parler ? » avec pour annexe « Les mots sont-ils inscrits dans la tête ? » et la réponse sûre « Ce qui est inscrit dans la tête, c’est la capacité d’extraire les mots de la langue.. »

Encore plus directe, cette question « Tous les enfants commencent-ils à parler de la même façon ? », ce qui va nous permettre de faire une bonne guidance…

Plusieurs questions concernent les langues étrangères et leur apprentissage comme « Un enfant peut-il apprendre à parler deux langues à la fois ? ». Oui et c’est très positif du moins pour les études qui se sont intéressées aux classes favorisées !!

L’auteur propose ensuite quelques questions sur certains troubles du langage, comme le bégaiement, la surdité ou la dysphasie. Et on en vient ainsi aux liens cerveau-langage avec la question « Le langage est-il inscrit dans notre cerveau ? » et plusieurs autres comme « l’architecture du cerveau » ou « tous les cerveaux sont-ils identiques ? ».

Puis vient le tour des animaux, en particulier des oiseaux et des singes, leur langage et aussi « Pouvons-nous communiquer avec les animaux ? ».

Le dernier chapitre « Us et abus du langage » réunit plusieurs questions relativement diverses. On y parle des « joueurs de mots », des ambiguïtés des homonymes, des pièges des mots, des mots qui changent de sens…et tout cela, comme d’ailleurs le reste de l’ouvrage, illustrés par de nombreux exemples clairs.

Notons au passage le paragraphe sur « Quand la langue devient fourchue » à propos du mensonge…et de sa visualisation par l’imagerie cérébrale. Sans oublier la langue de bois, la langue qui « classe » et celle des initiés…et en terminant par les problèmes de langue des immigrés.

Au bout du compte, un livre qui ne vous apportera pas grand chose sur l’aspect scientifique (mais son but n’est bien sûr pas là) du langage, mais qui vous ravira probablement par le plaisir que semble avoir l’auteur à nous « raconter » tout cela et par cet aspect à la fois agréable et sérieux. Sans oublier que, si vous voulez partager votre amour du langage avec un ami, un parent…il n’y a sans doute rien de mieux dans le style.
Bénédicte de BOYSSON-BARDIES

Ed. Odile Jacob, 2003, 240p., 21,5 ?